Au fond, Takanori n’a rien de bien mauvais, comparé aux autres personnes du Block B. Par contre, la voix qu’il entend au plus profond de lui, celui qu’il appelle Kobachi, n’a rien d’aussi gentil et innocent. En fait, Taka’ est schizophrène. Il sait très bien que ce ‘Kobachi’ fait des tas de trucs mauvais, alors il tente de le cacher aux autres gens. Par contre, Takanori a un petit trouble de personnalité. Parfois, lorsqu’il est dans une panique trop intense, c’est cette ‘voix’ qui prend le dessus et devient lui-même une toute autre personne.

Moi, je suis né en même temps que lui. Il est moi, je suis lui, moi je le sais. Mais lui, il ne l’a pas encore compris. Eh oui, je suis né en même temps que lui, mais, à cette époque, il ne le savait pas. Matsumoto Takanori et moi sommes né au Japon. À kyoto, plus précisément. Je l’ai vu naître, grandir, vieillir, mais pas lui, il ne m’a pas vu avant longtemps.
En fait, Taka’ est une erreur. Sa mère est une prostituée et il s’est avéré qu’un jour, lors d’un de ses services, la protection s’est brisé et, quelques mois plus tard, ‘nori est né. Le client en question qui a mit sa mère enceinte n’accepta pas cela et la délaissa. Par contre, elle eut la chance de rencontrer un autre homme, qui acceptait son métier, qui l’aida à élever le pauvre petit bambin.
Dire que sa mère était prostitué ne semble pas être assez pour ce pauvre jeune homme. Puisque, imaginez-vous que, en plus, son beau-père était un alcoolique qui devenait assez rapidement violent. Il a battu, je-ne-sais-combien-de-fois la mère de Takanori et l’a violé je ne sais combien de fois de plus. Et plusieurs années après la naissance de ce-dernier... Celui-ci ne fit pas exception aux excès de colère de son beau-père. Frappé, agressé... On peut dire qu’il eu une enfance violé.

Takanori avait treize ans que je suis apparu dans sa vie. Du moins, c’est ce qu’il croit. Il ignore que je suis là depuis sa naissance. Mais, j’avais envie qu’il me voit. À ses treize ans, ses parents commencèrent à le voir changer. Le surprirent à se parler à lui-même. Du moins, c’est ce que eux croyaient puisque, en fait, il me parlait à moi. Mais eux, ils ne peuvent pas m’entendre. Personne sauf lui peut m’entendre.
Lorsque j’ai décidé de finalement me montrer, c’est parce que je voulais l’aider à ce que sa vie aille mieux. Mais lui, il avait peur des répercussions. Moi, je suis totalement l’opposé de lui. Je n’ai peur de rien. Je ne voulais que justice soit fait pour lui. Le pauvre Takanori avait assez souffert jusqu’à aujourd’hui. Assez souffert par la main de son beau-père. Eh oui, je voulais vraiment que justice soit faite. C’est pourquoi je ne cessait de répéter à mon mignon Taka’ de prendre cet oreiller et d’étouffer cet homme dans son sommeil. Ou encore d’aller prendre le couteau de cuisine et le faire souffrir avant de frapper finalement son organe vitale. Moi, je n’avais pas peur. Lui, il avait peur. Il ne voulait pas faire ça. Il n’arrivait pas à se faire à l’idée de retirer la vie de quelqu’un par ses propres mains.

Treize ans. Quatorze ans. Quinze ans... Seize ans. Seize ans. C’est l’année où tout chavira pour Takanori. Un de ces jours, alors qu’il était en fuite dans la ‘maison familiale’ afin d’éviter tout coup de ceinture d’un alcoolique qui avait encore prit un verre de trop ou afin d’éviter qu’on lui retire ses vêtements pour qu’on le prenne de force sans qu’il ne puisse faire autre chose que hurler, il prit en compte mes conseils. Celui de l’oreiller... Ou celui du couteau. Alors qu’il échappait à son beau-père dans les escaliers, il courut à la cuisine, sortit ce beau couteau et... La suite n’a pas besoin d’être racontée puisque, vous comprenez sûrement ce qui s’est passé.
Quelques heures plus tard, la mère de mon mignon Taka’ rentra du ‘boulot’ et vit des traces de sang un peu partout dans la maison. Puis, elle vit son conjoint, gisant sur le sol, sans vie. Takanori était assis en boule juste à côté, la tête entre les mains. Moi, j’étais debout derrière lui, mais elle, elle ne me voyait pas. Je me souviendrai toujours que Takanori m’a accusé d’avoir fait ça. Il ne cessait de répéter que c’était de ma faute.


Comme c’est mignon. La mère de Takanori aimait tellement son fils qu’elle fit tout pour couvrir les actes de son fils et faire en sorte qu’on la traite elle de coupable. Par contre, avant cela, Taka’ fut exilé de chez lui. Sa mère l’envoya en Corée du Sud, à Séoul, dans une maison de correction. M’enfin, maison de correction... Les psychiatre et psychologues réalisèrent assez rapidement que ce n’était pas lui le mauvais garnement. Mais plutôt moi. Et comme moi j’étais une erreur, d’après eux, il fut classé comme garçon malade.

Takanori a été chanceux. Chanceux pour quoi ? Parce que, normalement, les gens ‘malade’ comme lui n’ont pas une vie très normale. Lui, les gens du centre de correction où il était ont jugés qu’il était apte à être en société. C’est pourquoi il fut chanceux de pouvoir être admis à un lycée en Corée. Par contre, ce lycée était reconnu pour être rempli de délinquant juvéniles. Takanori n’est pas un délinquant. Pas. Un. Délinquant. En fait, c’est moi que l’on pourrait considérer tel que délinquant. Mais comme déjà dit. Qui est-ce qui peut me juger quand je suis qu’imaginaire selon la société ?

Taka’ a passé six mois en détention dans ce centre de correction. Entouré de tout ces foutus psychologues, travailleurs sociaux et psychiatres. Puis, depuis, il a été placé dans cette école. Kyonghan. Ce n’est pas un endroit si mauvais que ça. Moi j’aime bien. Lui, il se cache des autres, comme toujours. Il a peur d’eux. Surtout de tout ces grands gars qui mesurent 1m85 alors que lui il en mesure que 1m61. M’enfin... Moi qui aimait bien cet endroit, il a fallu que, cette année, notre école participe à un projet de réinsertion en milieu social. Yark. Comme ça, on se retrouve jumelé à un des plus grand lycée de Séoul. Ça s’appelle Haengbok Académy. Juste le nom me donne la nausée. M’enfin... On n’a qu’à jouer les petits gentils et, peut-être que les psychologues qui suivent Taka’ à l’externe pourront réaliser que... Lui... Il peut rester en société mais que moi... Mieux vaut que je reste attaché.

Oh, qu’est-ce que je suis bête. J’ai totalement oublié de me présenter. Ohayo mina-san. Watashi wa Kobachi desu. Oui, mon nom est Kobachi et je suis cette personne que seul Matsumoto Takanori peut voir et entendre. Cette petite voix au plus profond de lui.